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24/12/2007   par Plongeur.com

Guide de la faune marine dangereuse d'Océanie

 

Destiné à tous les publics, plongeurs, plaisanciers, pêcheurs, l’approche zoologique de leurs travaux séduira aussi les passionnés de biologie marine. Les blessures infligées par les organes vulnérants sont décryptées comme un outil supplémentaire destiné aux personnels soignant ou aux témoins de l’accident, avec un approche claire et simple, et la connaissance métier de Claude MAILLAUD. Ce guide s’avèrera précieux pour mieux apprécier l’environnement marin, couper court à certaines de nos croyances, et sans aucun doute mieux respecter la vie subaquatique. Un guide qui sort du cliché de la littérature détaillant la vie subaquatique, et qui vient s’ajouter à la collection de l’éditeur « Au vent des îles », et au magnifique « Guide des poissons de Tahiti et ses îles » sorti en 2007, dont Yves Lefèvre était déjà co-auteur.

 

(*) Faune marine dangereuse : l’ensemble des animaux marins susceptibles de porter atteinte à l’intégrité de l’Homme, soit du fait d’un contact vulnérant, soit à la suite de leur ingestion.)

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interview plongeurYves LEFEVRE, co-auteur de ce guide a bien voulu répondre à quelques questions pour Plongeur.com lors de la séance de dédicaces le samedi 22 Décembre 2007 :

FCComment est né ce projet ?

Yves align =Y.L >> Ce guide est né de la rencontre de Claude MAILLAUD, médecin urgentiste qui travaillait à Rangiroa, chasseur sous-marin et passionné du monde subaquatique, et de moi-même, plongeur, naturaliste, photographe, cinéaste. Claude avait un ami sur la Réunion qui faisait un ouvrage sur les requins, et pour lequel j'apportais ma contribution iconographique. Ils avaient eux-mêmes déjà travaillé sur la faune marine dangereuse et plus particulièrement sur les requins de l’île de la Réunion. En discutant, nous nous sommes rendus compte que toute la littérature existante sur la faune marine dangereuse, très anglo-saxonne était obsolète et que beaucoup de connaissances étaient dépassées, anciennes, comportaient des erreurs ou nécessitait des compléments. (cf. Edmonds C. « Dangerous marine creatures », ou Halstead Bw. « poisonous and venomous marine animals of the world ») Une mise à jour s'imposait : la dernière édition du livre d'Edmond, par exemple, date de 1995 alors que les connaissances sur les espèces ont beaucoup évolué depuis. Certaines espèces étaient par exemple considérées comme mortelles depuis 1965 alors qu'elles n'ont jamais tué personne. Entre une envenimation grave et le risque de mourir il y a une marge. Les traitements ont changé, les connaissances aussi, d'où l'idée de la nécessité d'une mise à jour.

FCAu delà de l’apport scientifique, il s’agit d’un « guide », mais à qui est-il destiné?

Y.L >> Cet ouvrage est vraiment destiné à tous les public. Bien évidemment il s'adresse aussi au personnel médical, préhospitalier ou hospitalier, mais les connaissances peuvent satisfaire tout le monde.

FCIl est aussi destiné aux biologistes ?

Y.L >> Le biologiste marin y trouvera son compte car sa bibliographie a des chances d’être ancienne, ses publications peuvent être parfois reprises d'anciens ouvrages. C'est de ce constat que l'on a pu voir colporter un grand nombre d'erreurs, notamment sur les envenimations des serpents marins, les envenimations des scorpénidés et les conséquences de ces envenimations.

FCTu annonces ce guide sous le signe d’une mise à jour nécessaire, que peut-on découvrir sans cet œil de spécialiste?

Y.L >> Le grand public va perdre ses certitudes et repères face à un biome ((Un biome (du grec bios = vie), appelé aussi aire biotique, écozone ou écorégion, est un ensemble d'écosystèmes caractéristique d'une aire)) marin dangereux et toute cette faune qui selon ses croyances n'attend que de mordre, piquer, couper, empoisonner etc. (rires…) ce grand public va voir la réalité avec les risques réellement encourus, et la description des appareils vulnérants des différentes espèces.

FCQuelles sont ces croyances bien ancrées ?

Y.L >> On dit que certains animaux peuvent piquer alors qu'il s'agit de morsures. D'autres animaux sont dits très dangereux alors qu'en réalité ils ne sont jamais agressifs, ou n'ont aucune raison d'être en contact avec une personne qui s'immerge dans le biome marin.

On se rend compte aussi qu'il faut relativiser les problèmes de morsures par les serpents marins.... on a à peu prêt tout dit, tout écrit, et tout entendu sur ce sujet, comme sur les piqûres de cônes, les morsures de requins...

FCLe requin a toujours une place de choix lorsqu’on parle des dangers de la mer, c’est d’ailleurs le premier chapitre du guide, mais est-ce fondé?

Y.L >> On a une lancé une phrase intéressante dès le début du chapitre concernant les poissons cartilagineux : « Accidents assez courants en Polynésie française, 4 à 5 cas par an... »

Effectivement, si c'est fréquent pour des morsures de requins, cela reste concrètement très limité et ces dernières années, de ce qu'on connaît, il n'y a jamais eu de plaie létale, de morsures ayant entraîné un décès d'une personne. Donc cela relativise beaucoup le danger des requins et cela replace le danger à sa juste valeur.

FCEst-ce que la découverte de certains risques peut contribuer à protéger l'environnement marin, le respecter en se tenant à l’écart?

Y.L >> C'est aussi le but, on a voulu montrer qu'il y avait des comportements à éviter, que beaucoup de familles de poissons présentaient des organes vulnérants ou pouvaient infliger des blessures sérieuses si elles étaient approchées ou manipulées sans précaution. Des poissons auxquels on ne s'attend pas toujours.

FCQuelles sont les personnes les plus exposées à ces « accidents »?

Y.L >> Les accidents, les graves lésions concernent surtout les pêcheurs sous-marins (poisson chirurgien par exemple qui peut provoquer des plaies qui auront pour conséquences un handicap), mais aussi des visiteurs (touristes, baigneurs...). Ce que les pêcheurs peuvent ne pas imaginer, ce sont aussi les risques liés à la surinfection, aux mauvais traitements de première attention de la plaie, qui peuvent entraîner des troubles moteurs à vie ou des infections qui dégénèrent pour imposer une lourde hospitalisation. Le soin des plaies est un des volets de cet ouvrage, mais qui ne se substitue pas au diagnostic d'un médecin ou d’un spécialiste. C’est une aide.

FCLes plongeurs sous-marins sont-ils de bons ou mauvais élèves face au risque?

Y.L >> Les risques importants sont souvent liés au nourrissage (ou feeding), qui ne sert qu'à attirer des spectateurs, faire plaisir à des visiteurs, prendre des photos, observer des espèces plus souvent difficiles à observer. Il y a donc des risques plus fréquents avec des espèces spectaculaires comme les murènes, les requins, voire même les poissons chirurgiens (coupures profondes). Nous ne nous positionnons pas sur le nourrissage, même si nous avons nos convictions, mais nous indiquons les conséquences engendrées par les morsures, piqûres, et le comportement idéal à tenir face aux espèces que l'on peut rencontrer, et les risques que chacun peut encourir.

FCLes plongeurs qui ne peuvent pas s’empêcher de tout toucher lors de leur plongée, pour impressionner ou par méconnaissance, qu'en penses-tu?

Y.L >> On espère que l'état d'esprit de certains plongeurs changera à la lecture d'un tel ouvrage. Il ne faut évidemment pas tenter de rentrer en contact physique avec les organismes marins quelqu'ils soient. D'une espèce à l'autre, et même d'un biotope à l'autre pour une même espèce, on peut avoir des effets différents. On le voit aussi pour les envenimations, les blessures, et l'ingestion de chair de poisson, qui peut être toxique dans un pays, une île, et pas ailleurs (exemple avec la Ciguatera).

Guide de la faune marine dangereuse d’Océanie

Editions « Au vent des îles » Claude MAILLAUD – Yves LEFEVRE 364 pages ISBN 978-2-9156-5425-7 Prix de vente 33€ ttc (3950 XFP)

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