30/08/2010
par Plongeur.com
Recycleur ... je me lance !
Compte-rendu de la découverte et de la formation d'une plongeuse tropicale loisir à cette drôle de machine.
on profil : plongeuse frileuse, recherchant des eaux à plus de 27°...
Mes plongées préférées : zen, tranquilles, dans la zone maxi de 30 ou 40m, disons un profil loisir, avec comme objectif l'observation, la photographie de la faune et de la flore. Généralement peu de paliers... mais parfois, j'aimerais bien rester un peu plus longtemps à observer quelque chose qui m'intéresse sans la contrainte de la déco...
Premier contact avec un recycleur : en 2005 en mer de Cortez, un plongeur prépare cette drôle de machine à coque jaune et part plonger seul... Attirance pour le recycleur : 0% !
Puis sur les forums de plongée, dans les magasines... On en parle... La plupart du temps, je ne comprends pas grand chose... circuit fermé, semi fermé, bail out, diluant... cela semble bien trop technique, réservé à un cercle fermé d'initiés, inabordable et bien éloigné des préoccupations d'un plongeur loisir tropical.
L'intérêt qui est souvent mis en avant est de pouvoir descendre profond, de rester des heures, d'explorer des caves, grottes ou vastes tombants et les photos montrent des plongeurs encombrés de plusieurs bouteilles en plus du recycleur... tout cela ne me concerne pas... tout au plus éveille ma curiosité... Attirance pour le recycleur 1%...
Juin 2009, 1 semaine de vacances à Safaga (Égypte) avec mon binôme. Le hasard fait que l'un des moniteurs du club, Mika, prépare son recycleur à circuit fermé sur le bateau et nous propose un baptême...
Sans trop réfléchir, face au sourire engageant de Mika, on accepte... c'est l'occasion de tester ce drôle d'engin dans des eaux chaudes et claires avec un moniteur qui inspire confiance...
Le baptême s'est idéalement bien passé et ce fût comme la révélation d'une autre approche de la plongée. Sous l'eau, aucun bruit, pas de bulles... je m'approche d'un banc de poissons flûte et rentre dedans, sans provoquer le moindre émoi ni la dispersion du groupe... Puis l'approche d'une raie pastenague, de poissons clown, de gobies dans le sable... sans l'impression d'effrayer ni d'agresser... génial, j’adore !
Bien-sûr, le baptême ne consiste pas seulement en cela, il y a eu auparavant de plus amples explications sur le recycleur, son fonctionnement, son entretien, les termes techniques utilisés, la préparation de la machine sur le bateau, les particularités sous l'eau (descente, remontée, flottabilité, respiration...). Mais avec un sourire, de la pédagogie et un environnement sécurisant, les aspects techniques ne m’ont pas semblés si compliqués ni insurmontables...
Et d'un coup, voilà que le recycleur devient attirant ! Comment faire pour recommencer ? Quelles compétences pour apprendre ? Comment ça se passe ?
En fait, il suffit d'un Advanced PADI avec une spécialité profonde + un Nitrox Avancé pour la formation IANTD et TDI recycleur niveau 1 (diluant air) ou un niveau 3 Nitrox confirmé pour la formation FFESSM qui sera possible en 1 semaine, alliant théorie et 500 minutes de pratique minimum... Allez, c'est décidé, on s'inscrit pour un cours l'année suivante !
Mars 2010 : en possession de livres recommandés pour aborder la théorie, nous commençons un peu de lecture concernant les recycleurs et la révision des cours de Nitrox avancé.
Avant d'aller plus loin, quelques explications sur le recycleur... en simplifié, avec des termes le plus simples possible... que les puristes me pardonnent !
A l'arrière de la machine, dans le dos du plongeur, une caisse (souvent jaune !), contient 2 bouteilles d'une contenance modérée (2 ou 3 litres), qui seront gonflées comme un bloc de plongée classique. L'une contient de l'oxygène, l'autre ce que l'on appelle un diluant, dans le cas d'une formation de niveau 1 en recycleur, le diluant, c'est tout simplement de l'air !
Au milieu des bouteilles, une boite (ou canister) contient de la chaux, qui permettra de capturer le CO2 de l'air expiré par le plongeur.
A l'avant du recycleur, ce qui sera aussi sur le torse du plongeur, il y a 2 « faux poumons », l'un à partir duquel on inspire, l'autre dans lequel on expire. On y trouve aussi 2 injecteurs, l'un pour ajouter manuellement de l'O2, l’autre pour ajouter manuellement du diluant.
A tout cela il faut ajouter un gilet, comme le stab de plongée classique, avec son inflateur et un détendeur sur l'inflateur.
Il y a aussi une console (un peu comme un ordinateur), qui indique à chaque instant la pression partielle d’O2 dans l'air respiré par le plongeur et qui permet de faire varier divers paramètres, comme la pression partielle d'O2 à injecter automatiquement par le recycleur dans la boucle respiratoire.
Juin 2010, Safaga, c'est parti !
Organisation du voyage : réservation du vol sec via Thomas Cook, organisation de la semaine à Safaga via le Club Frédéric Lombard
J0, le jour de notre arrivée.
On nous remet déjà 2 livres à étudier...
J1, le doute s'installe...
Dès le lendemain, Mika nous attend pour nos premières plongées avec un recycleur. Ce sera un modèle Evolution pour moi, un modèle Inspiration pour mon binôme masculin. Ouf, il a un modèle plus adapté à ma morphologie que celui sur lequel j'ai fait mon baptême (Inspiration, 32 kilos !). Avec mes 1m52 et un petit gabarit, le gilet du recycleur est un peu large mais très confortable une fois les sangles ajustées. C'est certes lourd (24 kilos), mais le poids est bien réparti et stable... avec un peu d'aide pour s'équiper, cela se passe sans soucis.
Après une première session de théorie concernant la préparation de la machine, son fonctionnement, la surveillance des instruments et la conduite à tenir sous l'eau, une première plongée en milieu protégé commence...
Aïe... Je manque d'air à la descente, ne trouve pas instantanément l'injecteur de diluant (de l'air pour cette formation) pour pouvoir compenser la pression et respirer confortablement, Mika m'aide immédiatement et me guide... on n'est plus dans les conditions d'un baptême et cette fois, on doit apprendre à gérer soi-même la plongée... ça change tout !
On prend nos marques, on nage, on se promène... déjà 60 minutes se sont écoulées... le temps passe vite, mais je me sens encore comme une tortue déséquilibrée par une carapace énorme sur le dos, gauche et maladroite, incapable de me diriger à droite ou à gauche sans efforts. Avec un recycleur, plus de poumon ballast, descendre ou monter nécessite de gérer sa flottabilité avec le recycleur et avec le gilet... pas facile du tout !
La remontée se passe bien, j'arrive à gérer la vitesse mais, c'est épuisée, que je rejoins la surface !
Allez, pas de temps mort, on apprend les manipulations de retour à la surface sur la machine...
Après un repas bien mérité, Mika nous laisse profiter d'une sieste réparatrice avant la plongée suivante.
Et c'est reparti ! Large briefing pour nous expliquer les premiers exercices que nous devrons réaliser, on prépare les machines, on s'équipe, et on y va !
La seconde descente se passera mieux pour moi, j'ai compris et appris à localiser l'injecteur de diluant et une fois posés à quelques mètres sur le sable, on commence les exercices de base.
Vidage de masque... oui, bien-sûr, vous pensez tous que c'est facile... et bien non ! Vider son masque, c'est faire des bulles et donc perdre l'air qui est dans les « faux poumons » du recycleur... qui du coup se vident, et si, comme à la descente, on n'appuie pas sur l'injecteur de diluant pour rajouter du gaz, et bien on n'en a plus pour respirer ! Et me voilà encore en manque d'air... désagréable !
Puis on apprend à lâcher l'embout du recycleur après l’avoir fermé (par exemple pour apprendre à le vider ou à passer sur un circuit ouvert, un détendeur)... je mettrai beaucoup trop de temps à trouver le sens de fermeture de l'embout...
Ensuite, exercice de « flush diluant »... on injecte un gaz « neuf » issu de la bouteille dans les faux poumons, tout en purgeant pour ne pas remonter... cela permet de remplacer le mélange de gaz que l'on respire par celui qui est dans la bouteille de diluant et dont on connaît la composition, en cas de problème de fonctionnement du recycleur... ça va, facile, mais il faut bien coordonner les mains pour ne pas remonter !
On finit la plongée par la remontée, ratée, je vais trop vite !
Paramètres de la plongée : 65 minutes, 13 mètres.
Le travail ne s'arrête ensuite pas à la fin de la plongée... il faut maintenant s'assurer de l'entretien, rincer le tout, vider l'eau qui est présente dans le gilet, rincer les faux poumons, puis ouvrir l'arrière et retirer les bouteilles afin de les re-remplir pour le lendemain, ainsi que changer la chaux... C'est long, très long quand on est fatiguée...
Bilan de cette première journée...
J'ai raté de nombreux exercices, du mal soit à descendre, soit à remonter correctement... je suis épuisée... la tête, pleine de notions nouvelles, explose... De retour à l'hôtel, je m'endors sur le livre, ouvre un œil pour aller manger, avant de me rendormir au bout de quelques maigres pages de théorie.
Mais qu'est-ce que je suis venue faire dans cette galère ??? C'est trop dur, je n'y arriverai pas, je suis trop exténuée...
J2, la fatigue prend le dessus...
La journée commence bien, pas de vent, mer d'huile... la nuit de repos a fait du bien... mais il faut être matinal et bien éveillé, car la préparation des recycleurs prend du temps et de l'attention. Il vaut mieux arriver sur le bateau avant les autres plongeurs afin de pouvoir tout préparer tranquillement: remonter le canister de chaux, connecter les 2 bouteilles d'O2 et de diluant, vérifier les pressions, contrôler l'étanchéité des faux poumons et le circuit de l'air, connecter la console et vérifier les batteries, calibrer les sondes d'O2, puis tester le tout sur terre en faisant « chauffer » la machine (respirer sur la boucle pendant 5’ pour vérifier que tout est OK)...
Quand je relève la tête et regarde autour de moi, tous les autres plongeurs ont embarqué, ont déjà fini de préparer leur matériel « avec bulles », et le bateau vogue déjà vers le site de plongée !
On enchaîne sur le briefing et la description des exercices qui devront être réalisés sous l'eau: vidage de masque, simulation d'explosion (grosse fuite dans le circuit d’O2 et/ou diluant) (il faut alors apprendre à fermer immédiatement les 2 bouteilles qui sont dans le dos), lâcher d'embout, panne d'une des batteries de la console.
Première plongée de la journée (sur le superbe tombant de Middle Reef), une descente en pleine eau après une bascule arrière depuis le zodiac... ça ne se passe pas trop mal... ensuite une ballade... puis en fin de plongée on se pose sur une zone de sable pour les exercices. Le temps de trouver le sens de fermeture des bouteilles ou de l'embout, mes réactions sont trop lentes... ça ne va pas le faire en cas de problème... et ma remontée est trop rapide... encore raté !
Paramètres de cette plongée : 61 minutes, 32 mètres.
De retour sur le bateau, entretien du matériel (beaucoup plus rapide que le matin, mais encore un peu hésitant, il ne faut rien oublier !), repas, puis théorie... la sieste, ce sera pour un autre jour !
Et on enchaîne avec la préparation de la plongée suivante, le briefing, les exercices à réaliser, la conduite à tenir avec le binôme pour devenir plus autonomes (communiquer, vérifier l'absence de bulles sous l'eau....)
La seconde plongée se fera de l'autre côté du récif, sur un autre versant de ce magnifique tombant de Middle Reef.
Descente difficile en ce qui me concerne, puis lors de vidages de l'embout, j'oublie de souffler pour chasser l'eau en le remettant et je vais avoir de l’eau dans la boucle pendant toute la plongée ! Ca me servira de leçon pour la prochaine fois ! Le tuyau de l'embout est mal réglé et inconfortable... j'aurais dû vérifier cela avant de plonger et je n'arrive pas à le faire sous l'eau... ça s’apprend !
Remontée plus coordonnée et lente, ouf, j'ai réussi... bilan, 29 mètres et 68 minutes... l'ordinateur à l'air a indiqué 13 minutes de paliers alors que la console du recycleur indiquait plus de 50 minutes avant le palier, quel écart !
Hélas, au retour sur le bateau, le vent et les vagues se sont brutalement levés et le trajet de retour sera particulièrement houleux. Fatigue aidant, un mal de mer carabiné commence et le retour au port me sera particulièrement difficile...
La soirée sera peu agréable, nauséeuse, incapable de poursuivre la théorie, éreintée, je tire un bilan mitigé de cette seconde journée. Certes, les plongées étaient belles, mais les difficultés persistent, tant à la descente qu'à la remontée, tant pour les exercices que pour la stabilisation sous l'eau.... Je suis sur les genoux, je tombe de fatigue, est-ce que c'est pour moi ce type de formation ?
J3, une lueur d'espoir ?
Il fait beau, le vent est tombé, la nuit fût reposante... allez hop, après un bon petit déjeuner dès l'ouverture du restaurant, nous partons préparer le matériel. On commence à penser à certaines choses, et on en oublie d'autres... patiemment et avec le sourire, Mika pointe du doigt les oublis... que de détails à retenir ! Le briefing occupe le reste du trajet vers le site de plongée, répétition des exercices et des conduites à tenir selon le problème qui pourrait se poser, comme par exemple une fuite, un taux d'O2 anormalement haut ou trop bas... Une surprise m'attend, Mika m'a confectionné avec des bouteilles d'eau vides une simulation des bouteilles du recycleur pour m'entraîner à ouvrir et fermer sans erreur et rapidement... excellente idée... vais-je enfin apprendre à ouvrir et fermer ??? Et en plus dans le dos? Et avec les 2 mains en même temps de façon coordonnée ?
Première plongée, ouf, descente maîtrisée ! La simulation d'une « explosion » pour laquelle il faut très vite fermer les 2 bouteilles se passe bien, super ! Bon, le vidage de masque sera raté (vider un masque en 3 fois, faut le faire !), mais la stabilité s'améliore et la remontée se passe bien... ça progresse !
Paramètres de la plongée : 67 minutes, 31 mètres.
Entretien du recycleur, repas puis théorie, et c'est déjà le briefing de la plongée suivante. De nouveaux exercices apparaissent. D'abord, il y a l'apprentissage de l'utilisation du recycleur en semi fermé (on vide les faux poumons, on injecte du diluant, on respire 3 fois dessus et on recommence à vider), puis une remontée sur bail out (le bail out est le circuit ouvert de secours, dans le cas présent, c'est le détendeur qui se trouve sur l'inflateur du gilet) et enfin au palier, une injection manuelle d'O2 pour atteindre une pression partielle d'O2 supérieure à celle programmée sur la console... sans compter les autres exercices à réaliser au fil de la plongée, au hasard des plaquettes que sort Mika pendant la plongée et qui illustrent divers scénarios nécessitant une intervention à réaliser. Ludique et instructif !
La plongée se déroule pas mal... jusqu'à l'exercice de bail out... le détendeur qui est sur l'inflateur prend l'eau... et ce n'est déjà pas facile de gérer la remontée avec les faux poumons, il faut en plus gérer le gilet, avec le détendeur (et donc la purge du gilet) en bouche ! Ma stabilité au palier n'est pas terrible, je dois palmer pour me maintenir, j'ai trop vidé à la fois les faux poumons et le gilet...
Plongée de 77 minutes, 21 mètres.
L'entretien du recycleur occupe le trajet du retour sur le bateau, changement de la chaux, démontage des bouteilles pour les faire remplir, nettoyage du gilet, des faux poumons et de la boucle respiratoire...
Nous sommes rentrés tôt, et la fin de l'après midi et toute la soirée sont consacrées à la lecture de la théorie... je me couche tard, mais satisfaite d'avoir fini les 150 pages du manuel à assimiler.
J4, le début du plaisir
Pas de vent, mer calme... une belle journée s'annonce.
Encore un peu gauches et hésitants, nous préparons notre matériel... ce n'est pas très rapide, mais à 2 avec mon binôme, on commence à devenir autonomes... presque !
Le trajet en bateau sera un peu plus long, nous allons sur le superbe tombant de Panorama Reef, et on en profite pour revoir le manuel avec Mika, et plus particulièrement tous les aspects où on se pose encore des questions, tous les points d'incertitude ou d'incompréhension que j’avais soulignés et annotés sur le manuel la veille.
Briefing, la consigne sera de gérer la plongée avec mon binôme et de travailler la stabilisation...
Mise à l'eau en bascule arrière depuis le zodiac... la descente dans le bleu se passe bien, on vérifie entre binômes l'absence de bulles, puis la pression partielle d'O2 et c'est parti pour une superbe plongée pendant laquelle nous croiserons le chemin d'une magique raie aigle et d'une tortue, nullement dérangées par notre présence admirative... effet de l'absence de bulles ? La stabilisation, tant au fond que dans la zone des 5 mètres se passe mieux, ainsi que la remontée.
La seule réelle difficulté sera pour moi de palmer face à un léger courant avec mes palmes chaussantes en 36/37 qui se révèlent peu puissantes pour déplacer le volume pas très hydrodynamique que je représente avec un recycleur sur le dos...
35 mètres, 60 minutes, loin du premier palier indiqué par le recycleur mais déjà 12 minutes sur l'ordinateur à l'air. Et une belle plongée !
De retour sur le bateau, entretien du recycleur et Mika nous annonce avec le sourire une surprise pour le dessert... chouette alors!… Attendez d'abord de voir la surprise nous répond-il avec un regard malicieux.... On se regarde avec mon binôme... le doute nous envahit... Et si l'examen écrit prévu pour le lendemain était la surprise... J'ai beau traîner, l'assiette se vide et le repas se termine...
Et oui, la surprise, c'était ça, l'heure de l'examen théorique a sonné... Les plongeurs présents sur le bateau s'étirent, baillent, s'allongent et commencent leur sieste. Une partie travaille sa théorie pour le Niveau 2 (avec bulles !)... et nous voilà assis dans un coin avec des pages de QCM....
Une fois la copie rendue, l'heure du briefing de la plongée suivante sonne.
Nouveaux exercices : conduite à tenir en cas d'excès d'O2, palier de décompression (palier de principe) à l'O2, plus la révision des autres exercices de la semaine, au gré des plaquettes qui nous seront présentées sous l'eau... c'est la surprise permanente...
Et c'est reparti !
Descente, contrôles, exercices de fermeture de bouteilles, d'excès d'O2, stabilisation à 5m, déco à l'O2, remontée contrôlée... tout se passe bien ! Même les plaquettes que Mika nous montre nous font rire... je vois mon binôme simuler un malaise en voyant une plaquette lui signalant un manque d'O2, je lance un juron amusé en faisant face à la plaquette m'indiquant un problème lié à la fermeture des bouteilles et m'exécute avec le sourire et immédiatement.
Pendant la plongée, l'aisance s'améliore nettement, je me sens désormais assez à l'aise pour maîtriser mes déplacements et m'approcher au plus près des coraux pour aller observer ici un nudibranche, là un diodon, une raie ou un poisson clown.
35 mètres, 64 minutes, on commence à remonter quand mon ordinateur à l'air indique 15 minutes de palier, alors que la console du recycleur considère que l'on peut encore rester 35 minutes avant le premier palier... quel avantage de pouvoir profiter ainsi du superbe tombant et du plateau de Panorama Reef sans paliers (même si on respectera ensuite l'ordinateur air pour ne pas le mettre en erreur, ça fait travailler la stabilité à 5 mètres !).
Est-ce la déco à l'O2, les superbes plongées, le fait de réussir les exercices, l'aisance dans les déplacements, le plaisir de se sentir mieux et de profiter des plongées, la fatigue qui s'est atténuée... ???
Cette fois, en rentrant de cette 4ème journée, tout va bien et même l'entretien du recycleur n'est plus si complexe et contraignant... on rince tout à fond avec un produit désinfectant, le sourire est bien là, le plaisir de plonger aussi...
Ce soir, journée de repos sans théorie... la seule inquiétude est de se demander si l'examen écrit est réussi... même si il n'a pas semblé trop difficile, mon binôme et moi divergeons sur plusieurs questions et en avons interprété certaines différemment.... on discute, on débat, on n’est pas d’accord !
J5, que du bonheur !
Le vent s'est levé, les conditions ne sont pas propices à la navigation en plein mer, pour le confort de tous, nous resterons dans la baie de Safaga. Qu'importe ! Aujourd'hui, c'est décidé, je me sens suffisamment à l'aise pour prendre mon appareil photo et tenter quelques clichés.
La préparation des recycleurs se passe idéalement, efficacement, rapidement, je sens que c'est plus fluide, logique, cohérent...
Briefing de cette première plongée de la journée: pas d'exercice à proprement parler mais un travail d'autonomie, d'orientation et de communication entre binômes. Mika n'interviendra plus, il va nous suivre et observer...
Allez, on y va, descente, contrôles, stabilisation, orientation, photos... si ce n'est de la buée dans mon masque (pénible, mais le vidage de masque, désormais, je maîtrise !), plongée idéale ! Au bout de 45 minutes, Mika nous signale qu'il remonte et nous laisse seuls, avec comme objectif de faire attention l'un à l'autre, de rentrer au bateau, et de faire une déco de principe à l'O2. Cela se passe sans encombre, on remonte ravis au bout de 66 minutes de la plongée qui n'a pas dépassé 22 mètres. Et c'est plus tard que Mika nous avouera qu'il avait continué à nous surveiller d'en haut... il n'était pas reparti au bateau, il nous a bien eus, on n'a rien vu ! Faut pas croire tout ce que disent les moniteurs, parfois, il y a des feintes !
Après l'entretien du recycleur, en attendant le repas, correction de l'examen écrit. Ouf, rien de grave ! 4 erreurs pour moi, 2 pour mon binôme... pas trop mal... . Erreurs expliquées, comprises.
Après le repas, c'est l'heure de la sieste... mais on n'est plus du tout fatigués ! Le bonheur d'une plongée autonome, la déco à l'O2 qui nous booste ? Avec mon binôme, on passe déjà tout le temps de la sieste à envisager les prochaines plongées au recycleur...
L'heure de notre dernière plongée de la formation est arrivée...
Au briefing, Mika nous annonce que nous sommes cette fois seuls, autonomes. Il suffira en fin de plongée de se signaler au parachute et le zodiac viendra nous chercher.
Nous préparons nos recycleurs, partons plonger... que du bonheur ! S'approcher des gobies pour les observer de près avec leur crevette nettoyeuse est désormais facile quand on est à l'aise même avec la machine sur le dos... 78 minutes de plongée avant de lancer un parachute... qui se détachera de sa corde pour remonter et se promener seul en surface... Lancer du second parachute... et on retrouve le zodiac et Mika dessus en surface... perplexe et inquiet, ayant d'abord récupéré le premier parachute dérivant sans personne en dessous !
J5+1 semaine
Après une semaine de vacances bien méritée, en croisière au départ d'Hurghada, le trio de choc du club de Safaga: Véro, Fred et Mika, nous retrouve à notre retour au port, sur le bateau de croisière. Ils sont passés pour nous remettre nos diplômes et cartes de brevet de recycleur. Quel service !!!
Conclusion
Que faut-il au départ ? Cela aurait été mieux de commencer la formation en étant reposée. Dès le premier jour des vacances, c'est bien fatiguant. A part cela, être à l'aise dans l'eau, les prérogatives de départ (un niveau advanced + plongée profonde ou un niveau 3 et pour tous, un Nitrox confirmé)... et en avoir envie ! Et le plus important : LE moniteur et LA structure !!! Ce n'est pas forcément simple au premier abord, les recycleurs restent des machines bien spécifiques avec un soin tout particulier à apporter à leur entretien. Alors il me semble que le choix d'un club sérieux et méticuleux, et d'un moniteur compétent et rassurant est encore plus important que pour les formations aux niveaux de plongée « avec bulles ». Le choix que nous avons fait s'est révélé idéal, une mer chaude, des conditions de plongée variées (permettant à la fois des plongées à faible profondeur et de superbes tombants, des conditions faciles sans courant et des courants un peu plus modérés) et un encadrement particulièrement compétent, attentif et prévenant. Mais revenons à ma question du départ... Finalement, cette idée que l'on se fait de la plongée tek, de ce monde d'initiés d'hommes (des hommes, des vrais, velus, rambos, tatoués...), parlant un langage codé, inaccessible, chargés de kilos de matériel spécifique, entourés de bouteilles,... qu'en est-il ? Cette image s'applique-t-elle forcément au monde de la plongée recycleur ? Une femme (ou un homme !) plongeur loisir y a-t-il sa place ? Lors de cette première phase de découverte du recycleur, point de mecs machos, élevés aux hormones ou génétiquement modifiés. Des guides de plongée bouteille qui prennent plaisir à la plongée en recycleur, un instructeur dont le gabarit n'est pas celui d'un culturiste mais d'un homme sexy et avenant... Certes, en tant que femme, on ne joue pas à soulever à bout de bras le recycleur... mais les hommes non plus, puisque l'entraide est de mise pour déplacer et entretenir les machines. La coopération, le binôme, la tête et l'attention sont bien plus importants que la force. Et que ce soit pour s'équiper ou se déséquiper, il y avait toujours sur le bateau, outre le binôme de plongée et le moniteur, plein de personnel pour faciliter cette étape. En outre, le recycleur que j'avais ne faisait « que » 24 kilos. Avec le gilet, bien enveloppant et la bonne répartition du poids de l'ensemble, ce n'est pas plus déstabilisant que le poids d'une bouteille sur le dos. Et sous l'eau, la force physique est-elle indispensable ? A ce stade de ma formation, je dirais oui et non... Non car comme pour tout plongeur en bouteille, l'important reste de connaître son matériel, de maîtriser la technique qui est enseignée lors de la formation et de pratiquer, plonger et plonger encore pour acquérir plus d'aisance et gérer sa flottabilité. La technique de plongée, d'équilibrage, de palmage, sont bien plus importants que la force physique des jambes qui mènera immanquablement à consommer plus et à s'essouffler ! Un petit oui quand même... Comme le plongeur en bouteille confronté au courant, il est parfois nécessaire de pouvoir malgré tout se déplacer en produisant un effort ponctuel, par exemple pour descendre à l'endroit planifié sans dériver, contourner un récif ou rejoindre le bateau. Et là, avec le volume du recycleur sur le dos, j'ai nettement senti la différence. Certes, lors de ma confrontation à un faible courant de face, ma technique était (et est encore) loin d'être optimale. En outre, mes palmes (rose s'il vous plait !) en taille 36/37, bien que suffisantes par courant modéré en plongée bouteille, s'étaient déjà révélées insuffisamment puissantes en cas de courant plus important. Cette fois, en recycleur, elles ont montré leurs limites et c'est un aspect auquel il faudra que je remédie. Et alors, c'est quoi les avantages ? ? Ce qui m'a marqué en premier lors du baptême fût le silence. Lors de la formation, on s'y habitue vite mais on s'en rend à nouveau compte en croisant les bruyants plongeurs à bulles. Ma première forte impression de silence fût le premier tombant en recycleur. Le tombant d'un côté, le grand bleu de l'autre, la sensation liée à l'absence de bruit au milieu de tout ce bleu donne le vertige, c'est beau, impressionnant, enivrant, indescriptible. ? Ensuite vient la possibilité d'approche de la faune. Certaines espèces comme les anguilles jardinières semblent plus sensibles aux vibrations et repèrent donc l'arrivée du plongeur, même en recycleur. Cependant, il m'a semblé malgré tout que l'approche était plus facile et elles ressortent plus vite si on reste immobile. D'autres espèces comme les bancs de poissons flûte ou de cochers se laissent aisément approcher et on peut s'immobiliser au milieu de groupe sans les effrayer, c'est magique ! Une raie aigle est venue nous frôler, une tortue s'est approchée pour nous inspecter. Les gobies, à l'affut devant leur trou et prêts à signaler le moindre mouvement suspect aux crevettes qui les accompagnent se laissent observer de près. J'espère lors de mes prochaines plongées pouvoir ramener des photos de proximité de toute la faune que je n'avais jusqu'à présent pas pu inspecter à loisir. Je n'ai pris que peu de photos durant cette semaine de formation, n'ayant ressenti l'aisance suffisante pour me déplacer efficacement sans risque d'endommager l'environnement en voulant photographier que le dernier jour de la formation... ce sera pour une prochaine fois... ? Autre avantage non négligeable et particulièrement important pour une frileuse comme moi : la chaleur ! Je n'ai pas ressenti de froid lors de cette semaine en recycleur, alors même que fatiguée et donc plus sensible au froid. Était-ce la concentration due aux exercices et à l'attention de chaque instant sur la technique ? Ou dû à cet air doux, chaud et humide que l'on respire avec un recycleur ? Peut-être les deux, mais sans aucun doute quand même en grande partie lié à l'air respiré, me confirme notre instructeur Mika. J'ai d'ailleurs pu voir la différence la semaine de plongée suivante avec bouteilles en retrouvant les frissons de fin de plongée. ? Et la durée de plongée « illimitée » souvent évoquée comme avantage ? Bien-sûr, ce n'est pas négligeable, même si une faible consommatrice comme moi pouvant rester bien au delà d'une heure avec une bouteille de 12 litres n'y voyait pas au premier abord un atout majeur. C'est surtout lors d'une plongée sur un superbe plateau entre 30 et 40 mètres que l'intérêt du recycleur s'est révélé. Portant au poignet droit un ordinateur « air », un bon vieux petit gris (Aladin), il m'affichait déjà 13 minutes de palier. A mon poignet gauche, la console du recycleur me laissait encore 50 minutes de plongée avant palier. Confort incomparable pour visiter un tombant, un plateau un peu profond, une épave dans la zone des 40 mètres sans la limite des paliers et de la taille de la bouteille ! ? Je ne vous détaillerai pas ici l'avantage de la profondeur, un niveau 2 en recycleur étant nécessaire pour descendre au delà de 40 mètres... ce sera peut-être pour un prochain compte-rendu... ? Et côté fatigue ? Malgré l'épuisement lié à la formation et au manque de repos avant d'entreprendre cette formation, l'absence de besoin irrépressible de sieste s'est fait ressentir dès le 3ème jour, et encore plus les jours suivants suite aux exercices de décompression à l'O2 lors des paliers. Même plus fatiguée, en forme pour la plongée suivante, super ! ? J'ai trouvé aux plongées au recycleur un autre avantage qui m'est propre, mais qui concernera peut-être certaines et certains d'entre vous : les oreilles... je m'explique, je suis souvent sujette à de légers barotraumatismes et petites otites externes. Avec des bouteilles, on utilise aisément le poumon ballast, on passe au dessus des éventuels obstacles avant de redescendre, on fait spontanément plus de variations de niveaux, ne serait-ce que de quelques mètres. Avec un recycleur, le poumon ballast n'existe pas, on contourne les obstacles plutôt que d'utiliser (gaspiller à l'extérieur du recycleur) le gaz pour monter (en purgeant) ou descendre (en regonflant), on a donc un profil de plongée plus stable... et du coup, mes oreilles ont été moins agressées lors de cette semaine que lors de la suivante en plongée bouteille ! Des avantages, des avantages, encore des avantages.... mais il doit bien y avoir des inconvénients ? Oui, comme précisé précédemment, il y a quelques inconvénients : ? D'abord la formation et son coût, supérieur au passage d'un niveau... quoique vu le matériel utilisé et le nombre très limité d'élèves par formateur (dans notre cas 2, ce qui semble, sauf cas particulier, le maximum accepté par le club), je n'ai pas trouvé les tarifs déraisonnables. ? Ensuite l'attention, le soin, le temps consacré à préparer et entretenir la machine... mais là encore, rapporté aux durées de plongée réalisables, cela ne semble pas démesuré. ? Puis le matériel et l'enseignement. Il faut trouver un club et un encadrement fiables, sécurisants, ayant un matériel entretenu sérieusement, révisé et traité avec soin. Le coût d'acquisition du matériel, de révision, et son utilisation courante (chaux, gonflages...), me laissent penser qu'à moins de pouvoir plonger à loisir très régulièrement, sa location est une option moins contraignante. ? Sous l'eau, comme évoqué précédemment, il faut (comme pour les premiers pas d'un plongeur bouteille), une période d'adaptation et gérer quelques contraintes supplémentaires (surveillance des gaz respirés, déplacements un peu moins aisés...) ? Et puis surtout en ce qui me concerne, il y a à ce jour le faible développement du recycleur de loisir. On n’a déjà pas toujours l'occasion lors de nos voyages plongée de profiter de plongées au Nitrox, le nombre de clubs proposant des décompressions à l'O2, des formations ou locations de recycleurs est encore plus rare... Mais il me semble que j'en entends de plus en plus parler. Un bateau aux Maldives propose des baptêmes recycleur. En Mer Rouge, des clubs s'équipent, des bateaux de croisière s'ouvrent aux plongeurs plus « tek » en proposant des plongées avec décompression à l'O2, en acceptant les recycleurs, des croisières dédiées aux plongeurs en recycleur sont prévues... Mon avenir en recycleur après cette expérience ? J'envisage l'année prochaine une semaine pendant laquelle il est prévu de réviser l'ensemble de la formation et d'aborder l'hélium via un complément de formation (Recrational Trimix IANTD) recycleur loisir permettant de plonger à 50 mètres. Ensuite, une semaine complémentaire de recycleur pour plus de pratique et d'aisance. Mon objectif est de profiter du recycleur lors d'une croisière en Mer Rouge pour aller visiter un peu plus les tombants et épaves... Et après ? Le niveau 2 de recycleur (diluant Helium) est accessible à partie de 25 à 50 h (dépend des organismes de formation) de plongées recycleur... A ce stade, cela me semble encore bien loin et ce qui comptera ne sera pas tant le nombre de plongées mais l'aisance, la technique acquise, l'envie de poursuivre plus profond... Le recycleur, pour quoi ? Pour tous les éléments positifs cités ci-dessus, pour profiter à loisir de l’environnement sous marin encore plus intensément. Pour qui, pour moi aussi ? Oui, pour tous, même pour une plongeuse en eaux chaudes, lente, contemplative. Le seul conseil que je puisse donner, c’est allez-y, essayez… Mais attention, comme pour la plongée des « bulleux », risque important d’addiction…Texte et photos : Valérie alias « Manta »
- Formation, profession
- Voyages, séjours
- Plongée Tech, Spéleo, Epaves
- La Une